Les enjeux du numérique dans la coopération décentralisée
En quoi le numérique favorise la coopération décentralisée, en tant que levier d’innovation et d’appui à la gouvernance ? Vaste question à laquelle ont répondu différents intervenants lors de la première après-midi de la Semaine économique de la Méditerranée version 2016. Mercredi 2 novembre, de 16h00 à 18h00, le Ministère des Affaires étrangères et de Développement international – DAECT a organisé une conférence autour du numérique et de la coopération décentralisée.
On désigne par coopération décentralisée un ensemble de relations d’amitiés, de jumelage ou de partenariats nouées entre les collectivités territoriales d’un pays et les collectivités (équivalentes ou non) d’un autre pays. Dans un premier temps, Anne-Marie Reingold représentante du MAEDI –DAECT, a mis l’accent sur l’importance d’aider les collectivités à exploiter le potentiel du numérique comme soutien majeur dans des domaines variés (la gestion locale, l’apprentissage, la formation des jeunes, l’innovation, l’entreprenariat, etc). On constate aujourd’hui l’émergence d’un numérique de proximité permettant une meilleure connaissance des territoires. Tout cela doit s’appuyer sur un maillage important de « réseaux », préexistants ou à créer, appuyés par « la volonté du gouvernement d’accompagner cette transition vers le numérique qui s’opère actuellement en France, afin de pouvoir mieux coopérer avec nos partenaires étrangers », avec « la loi pour une République numérique » votée le 10 octobre 2016 . Pour illustrer cette thématique de la coopération décentralisée, plusieurs intervenants ont pu ainsi décrire leurs expériences.
La première intervention concernait le projet IsI@Med, imaginé en 2009, et mené en coopération avec la ville de Marseille et celle de Tripoli au Liban. « Cette coopération dure depuis dix ans et de manière efficace. C’est à la fois rien et beaucoup en matière de coopération internationale » précise Frédéric Olivo (Direction des relations internationales et Européennes de la ville de Marseille). Ce projet original, tourné vers la culture et l’histoire, consiste en la création d’une application pour smartphones qui permettrait aux touristes de Marseille et de Tripoli de tout savoir sur les gr ands édifices historiques à visiter des deux villes en flashant des « tags ». L’intérêt d’une telle coopération est de pouvoir « créer des solutions pratiques de réduction de la
fracture numérique » raconte Monsieur Kamarredine, Maire de Tripoli. Un projet de collaboration réussi donc, fruit de nombreuses heures de travail avec le personnel informatique des municipalités d’Al Fayhaa et les équipes techniques de la ville de Marseille.
La deuxième intervention était menée par Florence Dur and-Tornare, fondatrice et déléguée de l’Association des Villes internet. Cette association agit pour le développement de l’internet citoyen, avec pour mission d’accompagner le déploiement des politiques publiques numériques et locales. Florence Dur and-Tornare insiste sur l’importance pour les élus de s’approprier le numérique, « les élus devraient être conscients de ces nouveaux enjeux de société, le numérique est un enjeu de transformation important ».
Elle a ensuite laissé la parole à Rachel Bocher (Conseillère métropolitaine de Nantes Métropole et Présidente de la commission numérique de l’AIMF) : « Nantes fait partie des champions français du numérique » a-t-elle précisé. Labellisée « Métropole French Tech » en novembre 2014, Nantes est un très bon exemple de réussite dans sa transition vers le numérique au niveau francophone. Ce secteur innovant a permis d’augmenter le nombre d’emplois dans la ville depuis 2013, mais également de développer des coopérations internationales, notamment avec le Québec. Cette coopération organisée autour de trois métropoles du gr and ouest français (Nantes, Saint-Nazaire et Rennes) « permet la promotion de la filière du numérique, de prospecter les entreprises québécoises, de créer des partenariats et des échanges avec des entreprises numériques qui seraient susceptibles de s’installer à Saint-Nazaire. »
La dernière intervention de la conférence a été menée par Aurore Sun, présidente du réseau des femmes chefs d’entreprise à Marseille. Créé en 1945, ce réseau présent dans le monde entier est une association non gouvernementale (avec entre autre un statut consultatif aux Nations Unies et au Conseil de l’Europe) qui agit pour le développement de l’entreprenariat et du numérique au travers des femmes. « Les femmes ont besoin de se retrouver entre elles dans le cadre du business ». Aurore précise l’importance de quatre axes dans sa stratégie de développement d’un tel réseau : accroître la visibilité et l’influence des membres, participer à l’économie numérique, intégrer la responsabilité sociale des entreprises et privilégier les relations internationales. « En France, les femmes sont encore très peu nombreuses dans le monde du numérique, c’était important pour moi de remettre le digital au cœur de nos entreprises ».
Tant de projets de coopération et d’initiatives montrant comment le numérique permet une coopération décentralisée plus efficace et un rapprochement entre les collectivités territoriales de différents pays et leurs acteurs.
Ellora Possenti, EJCAM