Le numérique au service du développement économique en Méditerranée
Cette conférence, organisée par l’Agence française de Développement et le Centre pour l’intégration en Méditerranée, filiale de la Banque Mondiale, a eu lieu le vendredi 4 novembre 2016 à l’amphithéâtre de la villa Méditerranée, à Marseille. En présence de nombreux spécialistes du numérique, économistes et décideurs politiques, cet événement avait pour objectif de mieux comprendre le poids du numérique dans la création d’emplois et l’inclusion des jeunes en Méditerranée.
Face à l’essoufflement des politiques et le manque d’inclusivité des jeunes dans les systèmes productifs, les outils numériques apparaissent comme un des éléments de réponse. Ces dispositifs s’adressent à tous les décideurs qui observent que le numérique offre des opportunités pour renouveler le système socio-économique.
Le numérique pour l’inclusion des jeunes en Méditerranée
Le numérique et le monde du travail
Allam Ahmed, maitre de conférence, à l’université du Sussex et Jamal Belahrach, directeur général adjoint chargé du capital humain au Maroc, annoncent que pour maximiser les avantages de la technologie numérique, les politiques doivent créer un environnement propice, autrement dit, des réglementations qui facilitent la concurrence et l’entrée sur les marchés, la reconnaissance de compétences qui permettent aux actifs de tirer le meilleur parti de l’économie numérique, et des institutions en interaction avec les citoyens sur ce champ. Les outils numériques permettent notamment de faire appel à l’intelligence collective, comme source de solutions innovantes. Pour Allam Ahmed, la technologie numérique permet un développement dont les principaux axes sont la coopération, l’accompagnement et la formation.
Accompagner la transition numérique
Joanna Niedziakowski, Simplon, France et Tahar Ben Lakhdar, fondateur et directeur de l’école supérieure privée d’ingénierie et technologie en Tunisie, se rejoignent pour affirmer que la transition numérique impacte tous les secteurs. Dans le même temps, afin d’accélérer le changement et de bénéficier largement des avantages du numérique, cette transition doit être accompagnée de fortes évolutions dans l’enseignement, pour en développer les usages. Assurer une formation pédagogie innovante et impliquer les jeunes dans le processus de transition numérique sont les défis relevés par les acteurs du développement dans la région sud de la Méditerranée.
Gwenael Prié, chef de projet TIC à l’AFD, révèle que le numérique est un vecteur de transformation de nos économies, de nos sociétés et de nos institutions publiques, mais ces changements ne sont ni acquis ni automatiques.
Dans le bassin méditerranéen, les politiques qui investissent dans les technologies numériques verront fructifier des dividendes importants, t andis que les autres resteront sur le côté. A ce propos, l’Agence française de Développement, intervient pour plaider pour la réduction des disparités socio-économiques.
Numérique et développement : quelle mise en œuvre ?
En plein essor, l’économie numérique est un secteur stratégique
Puis Ahmed Darwish, président de Suez Economic Zone, Egypte, explique comment le changement qu’impose le numérique induit une modification profonde dans tous les secteurs y compris celui de la politique. Le paradigme numérique est porté par l’ensemble des outils digitaux (ordinateur, tablette et mobile). Dans le secteur de la production, le changement qu’impose le numérique implique une mutation profonde, notamment dans les systèmes de gouvernance, dans lequel apparaissent une nouvelle conception de la hiérarchie, un nouveau style de management, et une nouvelle organisation, basée sur l’autonomie, la responsabilisation et le travail en réseau.
A titre d’exemple, Mr. Darwish évoque la e-gouvernance, un modèle qui garantit à la fois la sécurité, la liberté personnelle et la transparence du système. Tout en soulignant le fait que ce même modèle contrôle le peuple à travers quelques clics sur les appareils numériques.
Puis les spécialistes du développement durable présentent les big data comme les nouvelles références en matière de données sociales et économiques. Grâce à un système de codes, elles peuvent ainsi devenir un véritable outil de la e-gouvernance, permettant l’écoute et l’observation, avec comme finalité d’optimiser les politiques.
Nouvelles exigences, nouvelles organisations
Noomane Ferhi, expert indépendant, Tunisie, déclare que le numérique favorise une réelle indépendance des personnes, leur offrant une nouvelle appropriation de l’environnement. La fluidité de circulation, de communication, des idées et des individus, rendue plus accessible grâce à ces technologies à l’image forte de nouveauté, ainsi que leurs premiers succès d’interaction spontanés entre les personnes, pose de nouvelles exigences aux politiques. La e-gouvernance impose le renforcement des infrastructures et la mise en place de règles qui assurent une transparence politique et une efficacité irréprochable, face à une administration sans papier.
Inventer, créer ou développer des solutions ou des services à base de technologies numériques est une démarche qui vise à mettre en place de nouvelles mesures de gouvernance. A titre d’exemple, l’exploitation des big data dans le domaine de la santé est une révolution, qui garantit une hausse en terme d’espérance de vie.
Les nouvelles technologies, moteur de performance dans le domaine éducatif
Le numérique constitue un moteur de performance dans un autre secteur : l’éducation. La magie des outils technologiques, où chaque personne peut être connectée à tout moment et partout, permet la vulgarisation des savoirs, par le biais de nouvelles méthodes, qui s’appuient essentiellement sur l’interaction et la collaboration.
Nicolas Paravati, de l’université Uninettuno, Italie, expose les enjeux des usages du numérique dans l’enseignement supérieur, notamment dans l’espace méditerranéen. Selon lui, les plateformes numériques ont révolutionné l’enseignement. Ce système de codes lutte contre l’analphabétisme et permet de faire un gr and pas vers l’avenir. Aujourd’hui, grâce à une application digitale développée par l’Uninettuno, migrants et réfugiés ont accès à l’enseignement à distance, dans une dynamique de choix de langues et de disciplines. Entre échange et partage, migrants et réfugiés renouent avec la vie et l’espoir d’un avenir meilleur.
L’influence du numérique sur l’économie
Samiha Khelifa, Maitre de conférences, à l’Université de Sousse, affirme que « nous vivons aujourd’hui une révolution sans précédent dans notre relation à l’objet numérique ». En effet, le numérique est partout. Au-delà de l’usage courant des outils numériques, les technologies numériques doivent devenir un instrument, au service du développement, dans un esprit d’innovation et de co-construction.
Pour Nibal Idlebi, présidente à la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale, les technologies numériques favorisent l’inclusion, l’efficacité et l’innovation. Pour tenir la promesse de développement d’une nouvelle ère numérique, deux gr andes mesures sont proposées : réduire la fracture numérique en rendant l’internet universel, abordable, ouvert et sûr ; renforcer les réglementations qui répondent aux exigences de la nouvelle économie.
Les nouvelles technologies, sont une source de coopération
Yann bonnet, Carlo Maria Rossotto et Yazeed Shequem, attestent que la coopération future s’appuiera sur le numérique. Une attention particulière sera accordée aux échanges de données et d’expériences entre les pays du bassin méditerranéen.
Pour conclure, le numérique, véritable vecteur de développement industriel de demain, est un accélérateur certain pour le développement économique, social et culturel.
Par Selma KHITOUS et Aynur MAHARRAMOVA, IMPGT