La transition du numérique à travers le tourisme et le développement durable
Le 3 novembre, dans le cadre de la Semaine économique de la Méditerranée, coordonnée par l’OCEMO, se tenait à la Villa Méditerranée une conférence sur les apports que la technologie numérique peut apporter au tourisme, notamment à travers sa dimension durable.
Plusieurs organisations impliquées depuis quelques années sur le sujet étaient représentées. Ainsi, l’association Defismed, dédiée au développement des territoires et à la transition numérique en Méditerranée, animait la conférence.
Pour le Plan Bleu, centre d’observation sur le développement durable en Méditerranée, Julien Le Tellier a rappelé que près de 300 millions de touristes ont foulé le sol des rives nord et sud de la Méditerranée en 2015. Ce chiffre est en hausse de 400% depuis 1970. Les pays du nord de la Méditerranée (France, Espagne, Italie) se sont hissés dans le top 3 des destinations les plus prisées des touristes, au détriment des pays du sud du fait des crises géopolitiques et sanitaires qui les touchent actuellement. Ce tourisme est principalement inter-européen, 85% des touristes internationaux étant européens.
Pour l’organisation Plan Bleu, la durabilité du tourisme en Méditerranée repose sur la modification des trajectoires de développement autour de deux axes. Le premier consiste à réduire l’impact du tourisme de masse (balnéaire), à promouvoir les énergies renouvelables et à réduire les pressions en terme d’urbanisme. Le second vise à diversifier les activités et les géographies en promouvant, par exemple, le tourisme des arrières pays.
La démarche « CHEMIN »
Une fois ce contexte précisé, Pierre Torrente, directeur adjoint de l’ISTHIA. (Institut Supérieur du Tourisme de l’Hôtellerie et de l’Alimentation), rappelle que « permettre un accès le plus large possible sur l’expertise des territoires » reste une question importante. Pour cela, différents outils existent. Pierre Torrente présente alors le dispositif « CHEMIN », qui intègre le secteur du tourisme dans le développement durable des territoires.
« C’est un outil simple, tout le monde peut y accéder. CHEMIN sert à voir pourquoi une activité est facteur de développement, et quelle est la démarche à mettre en place » explique le directeur adjoint de l’ISTHIA. Cette approche cherche aussi à soutenir l’autonomisation et la démocratisation des territoires.
Tout ce processus s’inscrit dans un cadre microéconomique, avec des micro-financements, cela « pour répondre aux attentes particulières d’un territoire et non plus pour rechercher des financements pour des projets plus globaux » détaille Pierre Torrente.
Par la suite, Marie-Hélène Privat, directrice de l’Entente du Lot et Valérie Dumontet, Vice Présidente du conseil départemental de l’Aude, exposent leur projet respectif dans le cadre de « CHEMIN ». Dans le premier cas, la rivière du Lot devient un acteur du développement du fait de la prise de conscience du patrimoine que représente l’eau. L’objectif consiste aussi à créer du lien social. « Nous sommes dans une phase de réforme territoriale, nous voulons apporter de l’économie par le tourisme » précise Marie-Hélène Privat. Pour elle, « CHEMIN » est un outil qui permet a la fois un diagnostic et l’ouverture sur de nouveaux horizons.
En ce qui concerne le département de l’Aude, Valérie Dumontet insiste sur la mobilisation des acteurs du territoire grâce à « CHEMIN ». « La réalité du développement du territoire c’est qu and nous passons des idées aux réalisations. Nous parlons bien d’un outil d’aide à la décision » détaille-t-elle. La Vice-Présidente du conseil départemental de l’Aude expose son projet agricole, « La Bastide ». Il s’agit d’un domaine viticole racheté par des ressortissants chinois installés en France qui souhaitent développer leur domaine tout en générant des retombées économiques pour la région mais sans savoir comment faire. « On va travailler à partir de CHEMIN pour passer de l’idée à la réalisation du projet » précise Valérie Dumontet.
Aziz Zenasni, directeur des programmes au sein du LISTE (Institut des sciences et des technologies du Luxembourg) recentre la conférence sur le tourisme participatif. Pour lui, le numérique imprègne nos économies et nous accompagne vers une économie plus solidaire et participative. Mylène Leitzelman, représentante de Mnemotix appuie ses dires, « Aujourd’hui on ne peut pas faire sans le numérique ».
D’une gouvernance générale à une gouvernance locale.
La directrice du Plan Bleu, Anne-France Didier prend l’exemple de Barcelone qui reçoit 30 millions de touristes par an, une situation que les habitants de la ville ne supportent plus. De même qu’à Venise, qui est devenue peu à peu une ville morte. Elle pose aussi la question de la gouvernance locale. « Pour déboucher sur une stratégie de tourisme durable, il faut penser à une gouvernance plus sensible et un outil comme CHEMIN fait réfléchir. Il ne faut pas rester dans la croyance que le tourisme est forcément génial » conclue-t-elle.
Dominique Rojat de l’Agence française de Développement conclut la conférence. Pour lui la stratégie numérique se constitue d’un développement de réseaux, d’infrastructures, de services et de capital humain. « Il faut passer de projets neutres ou indifférents à l’écosystème à des projets plus attentifs à l’écosystème et aux retombées locales ». Une bonne manière de recentrer le débat sur un tourisme à taille humaine.
Ludivine Tur, EJCAM