Fatima Zahra Kadiri, Directrice Générale de l’association Al Jisr
« J’ai vu en MedNC une belle opportunité »
Propos recueillis par Myriam Mesbah
Dans le cadre du Réseau MedNC, l’OCEMO s’est entretenu avec Fatima Zahra Kadiri, Directrice Générale de l’association marocaine Al Jisr. Cet organisme vise, à travers ses différents programmes, à favoriser l’employabilité des jeunes. Un centre pilote d’Orientation et d’Insertion socioprofessionnelle à destination des chômeurs de 15 à 30 ans devrait voir le jour en septembre 2016 dans la Région du Gr and Casablanca. Afin de bénéficier d’un appui dans l’élaboration de ce projet, la Directrice de l’association est partie à la rencontre des équipes de l’Ecole de la Deuxième Chance de Marseille et de celle de la Mission locale de Marseille, témoignage.
Peux-tu nous présenter ton association ?
Fatima Zahra Kadiri : Al Jisr est une association reconnue d’utilité publique créée en 1999. Sa mission principale : mobiliser les entreprises privées en vue de l’amélioration du système éducatif au Maroc. L’association a trois gr ands pôles d’activités : le pôle préscolaire, qui vise la mise en place d’un cursus préscolaire dans le rural ; le pôle parrainage, qui est le cœur de métier et qui vise à faire parrainer des écoles publiques par des entreprises ; et le pole formation-insertion des jeunes en situation de vulnérabilité. C’est ce dernier pôle qui nous intéresse dans le cadre du programme sur lequel nous travaillons actuellement. Nous avons deux gr ands projets, le projet de formation « Green Chip » où nous travaillons directement avec les jeunes. A l’issue de leur année de formation des jeunes initialement déscolarisés obtiennent un diplôme d’agent de maintenance informatique reconnu par l’Etat. Le deuxième projet, plus important, est le projet « Afak » dont l’objectif est de faire du renforcement des capacités des associations qui œuvrent dans le domaine de l’éducation non formelle et de l’insertion professionnelle. Il s’agit de créer une nouvelle passerelle entre l’éducation non formelle et la formation professionnelle en vue de déboucher sur l’insertion des jeunes en situation de vulnérabilité.
Un nouveau projet est en cours, de quoi s’agit-il ?
Nous allons lancer un centre d’Information, d’Orientation et d’Insertion Socio Professionnelle (CIOISP). Ce centre sera destiné aux jeunes déscolarisés au niveau de la région du Gr and Casablanca. Un premier pilote sera mis en place au niveau de la préfecture d’Aïn Chok, une des plus denses de la région casablancaise. L’idée est de mettre en place une approche globale en faveur des jeunes sortis du système scolaire et qui n’ont pas d’autres voies. Nous allons travailler la partie accompagnement, vie sociale, orientation surtout qui est je pense, la clé de la réussite et l’orientation professionnelle. Nous souhaitons véritablement répondre aux besoins du jeune marocain et dupliquer ce dispositif là où le besoin se fait savoir.
Parle-nous des partenaires du projet.
Nous avons à la fois des partenaires institutionnels et privés. Au niveau institutionnel nous avons la Préfecture, le Ministère de l’éducation nationale et de la formation, l’Académie régionale et la Wilaya. Nous bénéficions d’un partenariat avec plus d’une centaine d’entreprises comprenant les plus importantes du Maroc. Enfin, plusieurs gr andes fondations nous soutiennent : la fondation suisse Drosos, l’espagnole Casa del Infants, l’italienne Soleterre, International Youth Fondation (IYF) et USAID.
Ce projet s’adresse aux jeunes sans emploi de 15 à 30 ans, combien pourraient en bénéficier pour les trois prochaines années ?
Avant de me prononcer sur un chiffre, je dois élaborer mon dispositif. L’idée générale est de favoriser le qualitatif au quantitatif. Nous sommes en train de réfléchir sur la possibilité d’offrir ou non une formation en termes de soft skills. Si oui, quels seraient les cycles de formation dispensés. Il y a toute une réflexion que nous devons bâtir avec mon équipe.
Comment as-tu découvert le réseau MedNC et comment se sont passés les premiers échanges ?
J’ai découvert le réseau lors du comité d’Orientation co-organisé par la Fondation OCP et l’OCEMO. Lorsque j’ai vu la qualité des interventions j’ai pris contact avec Anis Saïdi, le chargé de programme. J’ai vu en MedNC une belle opportunité puisqu’il s’agit d’un réseau de partage et de renforcement mutuel des capacités. Il n’est pas utile de réinventer les roues. Il faut chercher l’expertise là où elle est.
Pour mettre en place ton projet, tu es venue à Marseille afin de bénéficier du savoir-faire des acteurs locaux et de leur expérience sur des projets similaires, comment t’es venue cette idée ?
J’avais vu Gilles Bertr and, Directeur de l’Ecole de la Deuxième Chance de Marseille et ai décidé d’envoyer une fiche présentant le projet tel que je le voyais. L’équipe OCEMO m’a proposé un planning en m’indiquant deux organismes susceptibles de répondre à mon besoin, l’E2C Marseille et la mission locale. Ça été pertinent pour moi car les deux organismes sont complémentaires.
Qu‘as-tu pensé de l’Ecole de la Deuxième Chance de Marseille ?
Ça m’a bluffé ! Mise à part les infrastructures et le site qui est très beau, c’est la qualité des ressources humaines. Pour travailler avec les jeunes, il faut des personnes structurées et outillées. Ça m’a conforté dans mon idée de départ. Dans le domaine associatif on a tendance à penser qu’il suffit de ramener telle ou telle assistante sociale pour répondre aux problématiques des jeunes déscolarisés qui, de toute façon, ne comprendraient rien. Pour travailler avec cette frange de la population qui est déjà très affectée, il faut vraiment une expertise et c’est ce que j’ai retrouvé au sein des équipes de l’E2C Marseille.
A la suite de ta visite à l’E2C Marseille, tu t’es rendue à la mission locale, que t’as inspiré la réunion avec la directrice, les représentants des différentes antennes et les responsables de service ?
J’ai beaucoup aimé l’approche participative. Toute l’équipe était présente et a répondu favorablement de manière consensuelle à notre future collaboration. Il y a eu un effort de bien lire la documentation que j’avais envoyé. Les questions étaient extrêmement pertinentes. L’équipe s’est montrée très réceptive et nous a clairement dit : « venez ! Nous sommes prêts à vous ouvrir nos portes ».
Quelle est la première chose que tu vas faire en rentrant au Maroc ?
Je vais faire un rapport de ma mission et clarifier quels sont mes besoins par rapport à la mission locale et l’E2C Marseille. Je dois aussi faire un point avec mon équipe en leur expliquant ce que j’ai vu et planifier les next steps. Je rencontre mon bailleur de fonds mi-février, je vais lui parler de cette mission. Le projet prend forme.