L’Union pour la Méditerranée confirme sa stratégie pro-PME-TPE
Après un été assez statique au plan institutionnel dans les relations entre l’Union Européenne et les P.S.E.M- Pays du sud et de l’est de la Méditerranée, l’automne marque une reprise d’activité répondant aux attentes des partenaires les plus actifs de l’Union pour la Méditerranée.
« La Méditerranée devient un fossé »
Certes l’UPM fait à nouveau l’objet, de la part des autorités françaises, d’un relatif désintérêt, et les propos du porte-parole du gouvernement lors du récent colloque de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques–FMES (le 2 octobre à Marseille) sont particulièrement symptomatiques : « La Méditerranée devient un fossé, elle nous divise ».
Dans la bouche de l’ambassadeur Serge Telle, délégué interministériel à la Méditerranée, une déclaration aussi péremptoire ne pouvait manquer de surprendre nos partenaires du Sud, même s’il s’agissait surtout pour l’intéressé, dans cette circonstance, de souligner les blocages politiques et les problèmes migratoires expliquant les faibles résultats du Forum pour le dialogue en Méditerranée, dit « dialogue 5 + 5 », et alors que la France est appelée à en prendre la présidence en janvier prochain..
« Stimuler l’investissement dans le Bassin méditerranéen »
Par chance, les engagements de l’U.E. en faveur de l’UPM, bien que modestes et très lourds à mobiliser, commencent à se concrétiser, dans le droit fil de la nouvelle feuille de route de la FEMIP- Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat, dont une de nos récentes chroniques avait évoqué la préparation et la mise en œuvre, chronique d’ailleurs reprise dans la Revue de Presse de l’UPM du 1° semestre (p.p.35/36, sous l’intitulé : Club des exportateurs de France- Cellule UPM/PME) .
Il n’est pas inutile de rappeler que la 13° Conférence de la FEMIP qui s’est tenue à Athènes en avril, a confirmé la mise en place en faveur de la Méditerranée, pour la période 2014-2020, d’un programme européen de 9,6 milliards d’€, pour le financement d’infrastructures et le soutien au secteur privé, avec des appuis aux PME, tout au long de leur cycle de vie, en particulier de nouvelles lignes de crédit à leur disposition pour faciliter les prêts, y compris dans le secteur de la micro-finance.
Parmi les quatre pays du Partenariat de Deauville susceptibles d’en tirer profit ( Maroc, Egypte, Tunisie et Jordanie), le Maroc et la Jordanie poursuivent des programmes d’infrastructures déjà bien amorcés au cours des dernières années.
Mais plus remarquable apparaît la place désormais occupée par la Tunisie qui a bénéficié, pour la seule année 2014, de plus d’un demi-milliard d’€ de financements nouveaux pour ses investissements, la B.E.I .- Banque européenne d’investissement apparaissant ainsi comme le premier soutien financier à la transition.
Même si le secteur de l’énergie constitue un volet très important de ce programme, il convient de souligner la mise en œuvre d’un partenariat ambitieux avec les PME et TPE tunisiennes, en liaison avec le Réseau Entreprendre et la BTK – Banque Tuniso- Koweitienne, pour un montant de plusieurs dizaines de millions d’€.
Le secteur des PME va également constituer un volet particulier des travaux de la 14° Conférence de la FEMIP, programmée à Naples fin-octobre, et dont le thème « Stimuler l’investissement dans le bassin méditerranéen » illustre bien la volonté de l’U.E. d’adapter ses outils financiers aux besoins des pays-membres de l’UPM.
« Nouvelle politique industrielle et stratégie d’attractivité territoriale »
Pour les régions PACA et Languedoc-Roussillon, dont l’engagement en faveur du processus euro-méditerranéen continue de s’affirmer, appuyé par un partenariat de fait avec le Secrétariat général de l’UPM à Barcelone, en synergie avec le Pôle d’expertise UPM des Conseillers du commerce extérieur de la France – CCEF et membres associés, le travail de fond se poursuit, avec l’espoir qu’une véritable coordination puisse être rapidement assurée avec les outils d’intervention élaborés par notre propre Banque publique d’investissement- B.P.I..
Quant à la pérennité des « pôles de compétitivité » et aux incidences de la récente disparition de la DGCIS ( remplacée par son nouvel avatar- la Direction Générale des Entreprises- DGE), les PME et ETI attendent évidemment d’en savoir plus sur les intentions du nouveau Ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique.
A cet égard, les 1° Rencontres de la DGE organisées le 4 novembre à Bercy sur le thème « Nouvelle politique industrielle et stratégie d’attractivité territoriale » (travaux clôturés par M. E. Macron) devraient permettre de tirer un premier enseignement sur la pertinence de ces nouveaux changements.
Le temps semble donc bien révolu où la France jouait un rôle déterminant au sein de l’UPM et pouvait même se permettre de faire la leçon à la Commission de Bruxelles sur les principaux volets du processus méditerranéen.
Il reste toutefois à souhaiter que nos responsables politiques sachent tirer le meilleur des programmes élaborés par l’U.E. ( toujours co-présidente de l’UPM au côté de la Jordanie), au profit de nos entreprises, principalement PME et ETI prêtes à jouer leur carte euro-méditerranéenne.
Comme les lecteurs réguliers de cette Chronique le savent, c’est également le sens du travail de réflexion mené par la Cellule UPM/ PME du Club des Exportateurs de France, en privilégiant l’appui aux petites entreprises exportatrices désireuses de nouer des relations de partenariat dans les pays du Sud.
Philippe Macé
Club des Exportateurs de France- Délégation Languedoc-Roussillon/ Cellule UPM/ PME
club.export.upm@online.fr ou p.j.mace@free.fr