Session d’introduction: Le numérique pour rapprocher les peuples
La 10ème édition de la Semaine économique de la Méditerranée a débuté mercredi 2 novembre à la Villa Méditerranée, à Marseille, sous le signe du numérique et de la proximité entre les peuples lors d’une session d’introduction pleine d’espoir.
« On ne peut défier le numérique si et seulement si nous sommes connectés avec nos voisins ». C’est sur cette phrase fraternelle que Bernard Valero, directeur de l’Agence des Villes et Territoires Méditerranéens Durables (AviTeM), donne le ton de la conférence. Fort de la présence de hauts représentants et experts telle que la Co-présidente de l’OCEMO, également Ambassadeur Itinérant de sa Majesté Mohamed VI, Roi du Maroc, Mme Assia Bensalah Alaoui, Pierre-Jean Benghozi ou encore Adel Ben Youssef tous deux professeurs, l’ouverture de cette 10ème édition a ensuite vu défiler autour de deux tables rondes des acteurs du numérique en Méditerranée.
Avec 5 % du dispositif mondial de câbles sous-marins qui permettent la circulation des données numériques, Marseille est devenue ces dernières années une terre capitale dans la relation entre les peuples et les réseaux. La révolution numérique a touché l’intégralité de notre quotidien. De notre déclaration d’impôts, en passant par notre billet d’avion jusqu’à notre smartphone, l’intégralité de notre journée est régie par des données que nous semons tout au long de nos actions. Comme le démontre Pierre-Jean Benghozi, Professeur à l’Ecole polytechnique, Membre du collège de l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (ARCEP), « Le numérique a apporté des solutions, on a rapproché les populations locales via des plates-formes globales. Qui aurait pu imaginer il y a 20 ans que les taxis français soient concurrencés par un site internet basé aux Etats-Unis ? »
« Un tsunami numérique à affronter »
Ce monde numérique est en perpétuel mouvement et se nourri de technologies toujours plus rapidement dévorées par les suivantes. Pour Mr Adel Ben Youssef, Maître de conférences à l’Université Nice-Sophia Antipolis, la Méditerranée doit se préparer à « affronter un tsunami. Par tsunami, il faut comprendre l’arrivée d’innovations telles que la réalité virtuelle ou l’imprimante 3D qui sont d’ores et déjà communes dans le monde de l’industrie. Pour pouvoir en profiter, les pays devront respecter un cahier des charges précis. »
En premier lieu, assurer la connectivité à tous les citoyens pour éviter d’assister à une bipolarité entre « un monde connecté et un sous-monde. » En second lieu, changer le modèle d’éducation pour sensibiliser dès le plus jeune âge aux outils technologiques actuels. A cela s’ajoute la promotion de l’administration numérique pour qu’un citoyen éduqué puisse être au cœur du système informatif de son pays. Enfin, préserver les libertés fondamentales sur Internet afin que des citoyens ne soient pas coupés de l’information. L’objectif étant que les données récoltées aient du sens et puissent être exploités au mieux tout en étant sécurisées.
Les données au cœur du débat
Depuis 2014, l’humanité a généré 90 % des données existantes dans nos serveurs. Le Big Data est devenu un enjeu majeur autant pour les États que pour les entreprises. Nouveau levier d’investissement, le traitement des données est devenu un accélérateur de création d’entreprise. C’est ce que souligne Gunnar Muent, directeur de l’innovation à la direction des projets de la Banque Européenne d’Investissement : « L’investissement dans les nouvelles technologies et l’internet des objets est la clé de la réussite en Méditerranée. »
Devant une audience attentive, Florence Dur and-Tornare, fondatrice de l’association « Villes Internet » a exposé sa vision de la société connectée où le citoyen aurait une place centrale dans les choix et les décisions de son administration : « Le citoyen doit être pris en considération dans l’internet des villes. Leurs choix sont essentiels et se matérialisent sous un conseil des citoyens d’internet ». Suite à ces exposés enrichissants et complets, les intervenants ont dû se confronter aux questions de l’auditoire. L’une des questions portait sur la place de l’humain et de l’usage que l’humanité pourrait faire des données et d’internet. Un vaste projet qui nécessitera plus que l’heure et demi proposée à cette table ronde.
Les Entreprises, un acteur majeur de l’économie numérique
Dans cet univers numérique dans lequel nous vivons, les entreprises ont une place prépondérante. En étant des acteurs primordiaux de l’activité, les chefs d’entreprises mettent en place des solutions pour permettre de combler les inégalités numériques. C’est dans ce cadre que la session d’introduction a accueilli Kevin Polizzi, président de Jaguar Network, une entreprise prônant l’accès à la technologie pour tous. « Pour combattre la fracture numérique, il est important de donner à la nouvelle génération les moyens nécessaires pour accéder à la technologie. » Il explique aussi que l’accompagnement des entreprises est la clef de voûte pour leur développement.
En allant former des jeunes programmeurs dans les quartiers nord de la cité phocéenne, Stéphane Soto directeur d’Aix-Marseille French Tech, s’engage dans cette voie de rapprochement : « La France sait faire décoller des entreprises, il faut que nos organisations aient les pieds des deux côtés de la Méditerranée afin de faire profiter au maximum les deux continents de leurs savoirs. »
La question du continent africain a été abordée par le biais de Zakaria Fahim, président de Hub Africa, première plate-forme des entrepreneurs d’Afrique. Son objectif est de mettre en relation des PME, « en Afrique, les PME ne voient pas le digital comme levier pour se développer à l’international » il faut donc montrer à ces PME des exemples de réussite pour qu’elles se fassent emporter dans un élan d’euphorie et tentent l’aventure digitale. En misant sur les données et la technologie, les acteurs du numérique œuvrent au rapprochement des peuples et luttent activement contre la fracture numérique.
Fabien Cassar
EJCAM